Quotidienne et douce vision de la Seine

A peine le temps d'imprimer ma rétine,

L'eau coule à son rythme.

Seine hallucinée, Seine rêvée,

Entre sein maternel et esprit sain.

Tour Eiffel d'exposition sur le bord du Fleuve.

Péniches fleuries ou endormies - en nuances de noir et blanc

Eclats rouges,

Géranium aux abords de ces eaux.

Tour exponentielle et illusion phallique.

Ciel gris souris, ciel étoilé,

Eiffel étoilée lorsque sonne l'heure,

Merveilles de la lumière et de la nuit.

Souvenirs d'un autre temps, d'une eau différente,

Trouble.

La Marne.

Vingt secondes de plaisir chacun de ces jours,

Se comptant par milliers,

A regarder l'eau qui coule,

Terreuse, au débit lent.


Marne large et grasse, étalée et étendue.

Je me souviens,

De ces feuilles vertes, oranges et jaunes,

Des méandres,

De ces jardins à l'herbe verte inondés jusqu'en leur sein,

Des oiseaux au fil de l'eau,

De ce point de vue:

Laid pour d'autres,

Beau et magique pour moi,

Au travers des fenêtres sales du RER.

Vingt secondes de calme et d'oubli,

Passer de l'autre côté,

Un autre monde,

Le mien,

Une autre dimension,

Ailleurs,

Où vivent douceur, amour et compassion.

Eau courante,

Porteuse de ces eaux impuissantes et incapables de sortir de mes yeux,

Porteuse de ces mots jamais prononcés, toujours portés,

Porteuse des douleurs que la beauté emmène ailleurs au gré des flots.

Eaux troubles chargées,

Non du corps et des âmes défuntes,

Mais de la souffrance et de la tristesse des corps.

Eaux troubles du renouveau,

Bénédiction et sources d'une vie nouvelle,

Que leur beauté naturelle apporte à celui qui sait les regarder.



Novembre 2012